N*10 : ” Nettoyage ” Manu key feat 113 “
C’est la panique / pourtant on est venu en ptite équipe “.
J’étais à l’arrière de la voiture d’un pote, dans Marseille, la nuit, quand j’ai entendu ça. C’était probablement le cut killer show sur skyrock. J’ai immédiatement dit un truc du genre ” attend attend, mets du son “. J’ai tout de suite accroché, je connaissais bien sûr 113 et Manu depuis un moment mais au delà de leur performance de haut vol, avec des croisés mémorables, c’est vraiment sur le son que j’ai bloqué. Simple, efficace et original, tout ce que j’aime. Je dis pas que c’est le plus grand beat du rap français, ni même mon préféré, mais sur le coup je me suis dit ” putain! Pourquoi j’ai pas fait ça?!”
J’ai appris plus tard que c’était mon pote Yvan qui avait fait ça, il avait frappé fort le bougre. Je le féliciterais quelques temps plus tard dans une soirée au Batofar où Mehdi m’avait amené. Il y avait les Daft punk qui nous ont fait écouter leurs dernières prods dans leur bagnole sur le parking à 5 heures du mat. Ils m’avaient d’ailleurs dit à cette occasion être fans de ” Si Dieu veut” et de mes prods, le simple fait qu’ils sachent que j’existe était déjà choquant, mais là, c’était beaucoup trop 🙂
De cette soirée naîtra l’idée d’une collaboration entre Yvan, Mehdi et moi, puis Djimi Finger complétera le quatuor, mais c’est une autre histoire.
Voila, c’était le numéro 10 des beats que j’aurai rêvé de faire, c’est le seul français, enfin suisse devrais-je dire vu que Yvan est suisse. Si ça avait été un top 20, le deuxième français aurait sûrement été ” reste underground” de Iam, qui m’avait pas mal marqué aussi.
A demain pour le 9 ème.
N*9 : ” All about the benjamins” Puff daddy
j’ai toujours rêvé d’aller à New-York, et je voyais ça comme une fatalité, un jour ou l’autre, ça arriverait. Exactement comme la première copine, ça arrivera forcément, patience, me disais je à 14 ans.
Ça avait failli arriver en 96 pour le clip de Bad Boys mais la “prod” avait dit ” non, que les rappeurs”, la haine. Le rdv était manqué. Mais deux ans plus tard, ça serait pas la même limonade, c’était Notre mastering, à New-York, chez Chris Geringher, au Hit Factory, le fin du fin. Et c’est les recalés de 96 qui allaient s’y coller. C’est donc dans ces conditions de folie que j’allais découvrir la grosse pomme. Je passe sur l’arrivée, et tout le reste pour aller dans le vif du sujet, Biggie venait de nous quitter, mais toute la ville était sous l’emprise du label Bad Boy, c’était palpable, on les entendait partout, Ma$e, Puff, Kim, LOX…
Mais surtout Big bien sûr, notre Elvis à nous. On dormait à Brooklyn, chez Mario Rodriguez, Djel, Fafa et moi, et vu que notre hôte avait eu le bonheur de mixer et enregistrer la majorité du premier album de la super star, il décida pour nous faire plaisir, de nous amener manger au Justin, le restaurant de Puff Daddy. Après un coup de fil au dandy de Harlem pour s’assurer qu’on ait la meilleure table, nous voici parti direction Manhattan dans le plus gros 4×4 du monde. Et ce morceau tournait comme c’est pas permis sur les ondes New-Yorkaises, c’était LE putain de son fresh. Et en arrivant au resto il y avait the LOX, pépère au comptoir avec Puff, Mike Tyson était attablé avec une meuf, et nous, les petits marseillais. Et tout est soudainement devenu concret, et ce morceau, c’était la B. O de ce Block Buster. C’est pas tant le son en lui même, c’est juste que je voulais faire partie de tout ça, et en tant que producteur, c’est ce son que j’aurai rêver de faire, pour être dans le film, uniquement.
Un jour, Jean Pierre Rives, le plus grand joueur de rugby français, a dit un truc qui m’a marqué, ” le ballon, c’est juste un prétexte pour se retrouver entre copains”. Je ressens exactement pareil pour la musique, l’essentiel c’est toujours ce qu’on construit autour. Je savais bien sûr que je ne serai jamais dans ce film. Mais je n’en retirais aucune frustration, c’était comme ça, fatal comme ce voyage. Par contre je me servirai de ce sentiment pour forger mon mental et je reviendrai plus déterminé que jamais.
Le clip aussi est dingue, le marqueur d’une époque, l’ultime volet du règne New-Yorkais.
A demain.
N*8 : ” Pnc” Smiff n wessum
J’ai pas spécialement d’anecdote pour celui la. Ce que je peux dire, c’est qu’on kiffait trop ce groupe, et particulièrement cet album, un grand classique.
Ce morceau, je l’ai trop écouté, en me disant ” comment ils font pour trouver des samples comme ça?” , et ces drums, si caractéristiques des beats minerz, me faisaient baver. Bien sûr, aujourd’hui ça peut paraître ridicule, avec les milliers de packs de drums disponibles, mais en ce temps là ( voix du père fourrasse) le seul moyen d’avoir des drums, c’était de les choper sur des vieux vinyls, et les vieux vinyls… Bref c’était la mission. Les caisses claires se chassaient comme la galinette cendrée au petit matin dans le bouchonois. J’étais monté à Paris avec Djel pour le jour de l’an 97 et j’avais fait écouter la maquette de ” les mains sales” à un célèbre producteur parisien, le moins que l’on puisse dire, c’est que le morceau était pas trop mal, et bien lui, il a retenu que la caisse claire, Lol.
Je pense toujours au moment où le beatmaker fait découvrir ses prods aux Mc, c’est un des instants les plus jouissifs, j’ai toujours refusé d’envoyer des prods pour ne pas être privé de ce plaisir. Les sessions d’écoute sont des instants magiques où les univers artistiques se rencontrent, où les idées naissent. On a tous en tête la session d’écoute entre Jay-Z et Timbo, magique, je pense pas que Jay aurait eu ces mêmes feelings s’il avait reçu les prods dans sa boîte mail. Déjà qu’on a une musique d’ordinateurs et de machines, si en plus on ne la vit pas… Bref j’imagine Smif et Wessum quand ils ont découvert ce beat, et le thème profond qui en découla est probablement le résultat de ce choc de la première écoute.
Même si c’est complètement décalé, je dédie ce morceau et ces quelques lignes à Stephen Hawking, mon partner in crime, qui nous a quitté aujourd’hui, dont le plus grand exploit, hormis d’être un des plus grands astrophysiciens de notre époque, est d’avoir vécu 55 ans avec la maladie de Charcot, alors qu’on lui donnait 2 ans à vivre. Il part à l’âge de 76 ans ce 14 mars 2018.
Bon voyage Mr Hawking et merci pour ce merveilleux espoir.
N*7 : ” tony” Capone & Noriega
Celui-ci est également dans le top 10 des morceaux classiques du rap, pas mon top 10, le top 10 officiel, ou officieux, bref, c’est un avion.
Rarement une telle sensation de puissance, de souveraineté ne s’était dégagée d’un morceau, ils clamaient être au top of New-York, et ils étaient bel et bien sur le toit du monde.
Avec mon équipe, on était archi fan de ce duo. En plus c’était la première fois qu’on se sentait proche d’un groupe américain, politiquement d’abord, avec leurs critiques sur la politique étrangère US, particulièrement sur la guerre du golfe, et aussi, c’est un peu débile, mais entendre un morceau aussi énorme parsemé de “Allah ouakbar” autant dans le texte que dans le son, on trouvait ça cool et on s’identifiait encore plus. Faut dire qu’en tant que blancs fans de rap, on n’avait eu qu’un seul vrai rappeur à qui s’identifier, c’était B Real. Je dis ” débile”, parce qu’entendre Allah ouakbar suivi d’une punch line style ” shoot up your block to make you know me” ou “i did for the love of cash your honor” c’est quand même pas la panacée niveau cohérence mais bon, avec les ricains on est plus à ça près.
Et puis, ce côté un peu sauvageon,c’était plutôt marrant et frais. Pour rappel c’est quand même eux qui ont répondu à Snoop et sa bande quand ils avaient fait le morceau New-York New-York, avec le morceau L. A. L. A. Auquel quelques rappeurs New-Yorkais avaient refusé de participer, (dont Fat Joe pour ne citer que lui).
Et puis, c’est un des rares groupes à avoir fait un deuxième album aussi bon que le premier. Un jour que j’écoutais ce deuxième opus à fond les manettes au studio polygone, je vois Mario Rodriguez entrer en trombe tout affolé et commencer à trifouiller la table de mix. En voyant mon air circonspect, Il me dit ” t’entends pas?!” et moi ” bah non ” , lui :” its out of phase mother fucker ” , il suspectait une inversion de phase dans le studio, mais en fait c’était tout le cd” the reunion ” dont les phases étaient inversées, une catastrophe, des centaines de milliers d’albums pressés avec un problème de son majeur.
Il a aussitôt appelé LES, un des producteurs du disque pour l’informer de la giga boulette, probablement une erreur au mastering, et je suppose que des têtes ont dû sauter. Levez la main ceux qui s’en foutent, et ouais mais c’est vous aussi, vous me chauffez avec les anecdotes.
A demain 😉
N*6 : ” Baby paw” Group home
Dj Premier, c’est un peu comme Obelix, il a du tomber dedans quand il était petit. C’est sans doute la plus grande carrière de producteur de rap, de musique tout court d’ailleurs. Mais sur cet album, il a du reprendre un peu de potion en cachette. C’est à mon sens son meilleur album, et il en a fait… Sa principale qualité, c’est l’efficacité, mais là, il a mis la créativité et l’originalité en priorité, et bingo, encore un classique.
Ce morceau contient tout, c’est incroyable, une mine d’or, un choc, une fresque. C’est exactement ce genre de track qui fait avancer le rap, plus de codes, juste la musique, les émotions. Il y a au moins cinq titres que j’aurai rêvé de faire dans cet album, mais la singularité de celui ci a fait pencher la balance. Ceux qui me connaissent savent que ce qui est le plus important pour moi dans la création, c’est la singularité. Par définition, si rien n’est apporté dans une création, bin c’est pas une création. Je préfère un truc nul et original, qu’une copie mortelle.
Ce que j’aime par dessus tout, quand je découvre un album ou un morceau, c’est de ne pas comprendre ce qui se passe, d’ être surpris, pas uniquement par la performance mais par le concept, l’idée. Tout est une question d’idée. Et d’amour bien sûr. Je dois ce que je suis, musicalement, à ce genre de track, pas aux tubes. Pas à juicy ni still Dre, mais à d’obscurs morceaux au fond d’albums classiques, quand les idées dominaient la musique.
Bonne journée, et soyez créatifs!
Ps : les choses deviennent putain de vraies quand Lil Dap balance son ” check it out”
N*5 : ” Troy” Pete rock & CL smooth
Le voilà le maître du sample, le roi du diggin’, l’enfant prodige.
Je ne me souviens pas d’avoir connu une telle attente, une telle excitation pour un premier album, bon en même temps j’ai pas une super mémoire 🙂
Après un premier tir de sommation avec le EP “All souled out” , Pete Rock était précédé d’une réputation de mvp et en un album, il sera hissé au rang de top producteur. Je parle bien évidemment de “Mecca and the soul brothers” , album classique parmi les classiques.
Le natif du Bronx restera à jamais dans le top 5 des producteurs mythiques, après avoir révolutionné le son qui amorcera le virage majeur des années 90. Le son était plutôt chargé à cette époque, voire brouillon, à quelques exceptions près, c’était très bruyant. Il est arrivé avec un son clair, notamment grâce à des drums simples dans la programmation. Cet album restera comme un des trois chocs musicaux de ma vie, avec ” the low end theory” de atcq et “36 chambers” de wu tang. D’abord, parce qu’il est d’une qualité de production proche de la perfection, mais aussi parce que, comme les deux autres, sa complexité le rend difficile à déchiffrer, ce qui lui confère une profondeur que seul Jacques Maillol pourrait sonder.
Ce fut pour moi une motivation extrême de découvrir ce bijou. Je commençais à peine le son. Un pote avait acheté un W30 de chez Roland, une machine mythique de cette époque, mais vu la complexité de l’engin, fournit qui plus est avec une notice uniquement en anglais, il était découragé et le laissé dormir dans un coin. Je lui ai demandé s’il voulait bien me le prêter et tout est parti de la.
Je me suis donc retrouvé devant cette usine à gaz avec des idées et des envies plein la tête. Après quelques semaines, je sortais mes premières prods. Mais après quelques mois, alors que je maîtrisais enfin la bécane, mon pote la récupéra. Je me lançait alors à la recherche d’un W30 d’occasion, et ça a quasiment duré un an, j’en étais malade, ça virait à l’obsession.
Puis, par un beau matin d’hiver je suis tombé sur une petite annonce ( faut dire que je les faisait toutes) qui disait qu’il y avait un W30 pour 800 francs, mais c’était dans les alpes, après Gap, le bout du monde. Après avoir convaincu un ami de m’accompagner, nous voici parti à la recherche du graal. Une fois la transaction réalisée, je dois confesser que j’avais glissé deux faux billets de 100 francs, et j’en suis vraiment pas fier, mais c’était vraiment la crise, on s’est fait prendre dans une tempête de neige et j’ai cru qu’on reverrait jamais Marseille.
J’ai aussitôt pensé, ça t’apprendra à jouer les apprentis faussaire. Arrivé chez moi, en pleine nuit, je déballai mon trésor et me mis immédiatement au boulot, en pensant à Pete Rock.
N*4 : ” Represent” nas
Ce fut compliqué mais la voilà ma prod préférée de dj Premier. Parmi des centaines. C’est sans aucun doute un des producteurs les plus reconnaissables. De par sa découpe si particulière des samples, notamment l’utilisation des silences, le choix, plutôt jazz, de ces mêmes samples, ses drums bien à lui, je dis souvent en plaisantant que le type a fait toute une carrière avec deux grosses caisses et trois caisses, mais c’est pas tout à fait loin de la vérité, et pour finir, ses inimitables refrains. On peut dire ce qu’on veut sur primo, mais on peut pas dire qu’il a pas son style, dont il est, qui plus est, le père.
J’ai eu la chance de mixer au D&D studio, avec le légendaire Rich Travalli, et quand on m’a dit que le patron, donc dj Premier, était absent pour cause de tournée, j’étais dégoûté. Mais bon, c’était quand même mortel d’être là, dans ce lieu mythique.
En parlant de tournée, vous êtes probablement nombreux à l’avoir vu en live, lors d’une de ses nombreuses dates sur Marseille, Djel, qui faisait sa première partie, avait pour consigne de ne passer aucun son de dj Premier, alors qu’il avait prévu de lui rendre hommage, c’était marrant, lui qui avait du bosser le truc aux petits oignons le connaissant. C’était logique au final, vu que Premier avait fait un set avec tous ses hits. On a beau connaître sa carrière, quand on se prend ça dans la tête en direct live, ça reste quand même un très très grand moment.
Pour en revenir à ce track en particulier, issu d’un album monumental, il est tout simplement intemporel, ces drums au son et à la programmation parfaite, ce sample simple et merveilleusement utilisé, et Nas, bien sûr.
J’ai une question pour vous : si Nas était décédé après la sortie de ” illmatic”, aujourd’hui, ne serait il pas plus big que Biggie? Vous avez deux heures. 🙂
N*3 : ” Scénario remix” a tribe called quest
Je sais pas vraiment par où commencer tant ce track représente beaucoup pour moi. C’était clairement l’expression de l’équipe la plus fraîche et talentueuse du moment. Une équipe majeure du rap, the native tong, composée de tribe bien sûr mais aussi leaders of the new school, jungle brothers, de la soul, black sheep, brand nubians, et j’en passe. Un genre de dream team Barcelone 92. Ils ont fait ce remix au sommet de leur gloire, avant que leurs enfants ne les tuent ( Pete Rock, Mobb Deep…) Seul busta passera le cap 95 ( un genre de cap horn pour cette génération) avec brio, mais il devra pour cela faire peau neuve entouré d’une nouvelle équipe.
Je trouve le beat fascinant, presque hypnotique, pourtant il est si simple dans sa conception. La force ultime d’un morceau, c’est sa capacité à nous troubler, à nous faire dévier vers une autre direction, uniquement par les sensations, les sentiments. S’il y a un avant et un après l’écoute d’un morceau, alors c’est un morceau réussi. Mais c’est, heureusement, subjectif.
À demain pour mon son préféré de Mobb Deep. Celui ou celle qui le trouve… Nan c’est impossible 🙂
N* 2 : ” Mobb of Steel” Mobb Deep
Mon morceau préféré de Mobb Deep, en plus ils sont au complet avec Noid, qui est le troisième membre officieux du groupe, et accessoirement un de mes rappeurs favoris. Dans mon tiercé gagnant, arrive en deuxième à la photo finish, le monumental ” start of your ending”. Prélude au règne sans partage qu’exercera IMD sur le rap de rue jusqu’à la fin du millénaire. Tout est dans le titre, en quelques 4 minutes, ils déclasseront toute la génération précédente, et c’est le légendaire Q tip qui passera le flambeau, une fois de plus.
Je compléterai le trio avec ” still shinin'”, un monstre de puissance, très rarement égalé de part l’énergie qu’il dégage. J’ai bien évidemment félicité mon compère Mario Rodriguez pour le mix de ce track épique, il m’a alors regardé de travers en me disant que c’était le seul titre de ” hell on earth” qu’il avait pas mixé. J’aurai du m’en douter vu qu’il était sorti avant et réintégré à l’album pour rencontrer le succès qu’on lui connaît. A l’inverse de mon numéro un, Mobb of Steel, sorti sur un obscur score, et qui aurait certainement connu un tout autre destin s’il était sorti dans un des albums de groupe, comme quoi des fois, le succès et l’exposition sont étroitement liés, bien sûr me direz vous.
A la sortie de ce track je crois qu’il ne se passait pas une journée sans qu’on l’écoute, Djel le passait déjà souvent sur ses platines, sous sa mezzanine, et je lui demandais tout le temps de le passer. J’ai toujours été fasciné par Havoc, et cette prod, c’est juste de la folie. Je me suis bien sûr fait raconter par Mario de nombreuses anecdotes sur les sessions de studio qu’il a partagé avec lui, avec eux. Havoc buvait beaucoup à cette période et pendant que Mario mixait, il prodait sur sa mpc 3000 durant des heures jusqu’à très tard le soir.
Il faisait des tueries mais une fois sur deux, probablement trop bourré, il oubliait de sauvegarder. Il arrivait le lendemain du genre ” Mario? Where is my fukin beat?” et vu qu’ils étaient tout le temps armés Mario tout penaud rétorquait d’un air désolé, qu’il était probable, que, éventuellement, par un fâcheux concours de circonstances, il se pourrait bien que tu aies oublier de sauvegarder. Et Havoc de répondre ” ok fuck it” avant de se remettre au boulot. Ceci dit, je suis assez circonspect sur ce qu’il produit en studio, des tracks comme “bloodsport” ou “extorsion” sont typiquement ce genre de track que tu fais en studio pour chercher l’inspiration ou parce que ton feat, method man en l’occurrence, ne trouve pas son bonheur dans ce que tu lui propose. Ce sont de bonnes prods mais tellement loin du niveau du natif de la 41ème, queens bridge.
En plus d’être un producteur de génie, c’est un rimeur hors pair. Ce qui est inédit à ce niveau. Je l’ai d’ailleurs longtemps placé au dessus de Prodigy, je pense qu’il est la principale influence de P, il n’y a qu’à voir l’évolution de Prodigy entre le premier et le deuxième album alors que le style de Havoc était déjà quasiment établi. Mais Prodigy, en tant que bon surdoué, aura vite fait de rattraper son acolyte.
Toujours est-il que, comme vous le savez déjà, on est en présence de la fine fleur du game, et ce morceau, rare, je le le considère comme l’hymne du queens bridge crew.
Alors à demain pour le number 1. 😉
N*1 : ” Heaters” Wu tang clan
Comme je le fais à chaque fois, je réécoute le track dont je vais parler plusieurs fois histoire de bien me replonger dedans. Je l’écoute sur mon système sonos 5, sur YouTube aussi via le son de ma tablette pour avoir un max de ressenti. Et puis sur YouTube je tombe sur la version instrumentale du morceau, que j’avais jamais écouté, je la lance, et tout à coup je la trouve bien mais pas extraordinaire non plus, pourtant c’est mon numéro 1. Je me rappelle alors de la discussion que j’ai eu avec un ami producteur il y a une dizaine d’années, on parlait du track qu’avait fait farrel pour snoop ” drop it like its hot”, que le morceau était mortel ( je suis fan de snoop depuis la première heure) mais que si on avait entendu la prod seule avant d’avoir découvert le morceau, on aurait pu croire à un foutage de gueule tellement elle est sec ( oui l’adjectif sec ne s’accorde pas selon la jurisprudence denvil), mais c’est bien sûr une fois que le morceau est fini que les choses deviennent vraies.
Et encore plus lorsqu’il s’agit de rappeurs d’élites. Ici reakwon plante le décor d’emblée, et il ouvre le morceau à coup de glaive avec un mix intro / couplet dont lui seul a le secret et le track est lancé. Sans lui, je pense pas qu’il m’aurait autant marqué. Mention spéciale également pour cappadonna qui clôture le morceau avec un de ses meilleurs couplets si ce n’est le meilleur de sa vie, et quand on connaît le phénomène…
J’ai eu la chance de donner de nombreux cours ou ateliers de beatmaking et une fois que je sentais les élèves mûrs, je leur filait le sample de ce morceau et ils avaient la journée pour le refaire sur un logiciel nommé Live. Personne n’y est jamais réellement parvenu, comme quoi il parait simple mais pas tant que ça. D’ailleurs si ya des amateurs pour relever le défi, vous trouverez les samples sur whosampled, j’attends ça avec impatience.
Voilà, c’est fini, vous connaissez mon top 10 des morceaux que j’aurais aimé faire. Je vous remercie pour votre attention et vous donne rendez-vous très bientôt pour un autre top.
Portez vous bien, bisous.