Pour celui la, si ma mémoire est bonne, c’est tout simplement par manque de place sur le cd qu’il est passé à la trappe. Il me semble que la durée disponible sur un cd avoisinait les 80 minutes, donc à la fin du mix on se retrouvait fasse à un dilemme, il fallait faire un choix et virer plusieurs morceaux.
Un crève coeur, calculatrice en main. Quand j’ai fait écouter ce son à (dj) Mehdi, qui était passé nous voir, pieds nus en mode vacances avec sa meuf, à polygone en fin de mix, en lui disant qu’il serait pas sur l’album, je me rappelle de sa réaction comme si c’était hier : ” vous êtes complètement malades, c’est une bombe, en plus c’est un de tes meilleurs beats”. Mais la décision était prise.
J’ai tant à raconter sur cet album, une grande aventure humaine et artistique. Elle a commencé à Vaunière, dans les alpes, en mars 99. On avait loué un grand gîte ( celui de la photo) sous la neige habituellement destiné à accueillir des centres sociaux et autres colos. A part les lits superposés et une cuisine c’était plutôt spartiate niveau confort, pas de télé rien. Et c’était parfait pour bosser, j’ai toujours été partisan de l’isolation totale, la bulle, pour créer. J’avais bien sûr amené tout mon matos pour une quinzaine de jours de pré-prod au grand air. De mémoire on devait être une douzaine, y avait Menzo, Choa, Fel, et des frères du panier, amis de toujours du Rat. Ils connaissaient bien les lieux vu que c’était là que le centre social Baussenque du panier les amenait en sortie.
Notre ami José nous faisait la popote et était coach de boxe le matin, on se levait très tôt, impossible de faire autrement avec Kader qui entrait dans les dortoirs en criant ” vous vous croyez dans une maison de repos!?”. Et le soir on faisait des jeux de gamins style cache cache, celui qui se faisait trouver devant boire cul sec un grand verre de punch maison, je soupçonne certains de mal s’être caché, ils avaient grand soif.
Pour ma part, je ne boirai plus une goutte de rhum de toute ma vie après ça, j’aurai aussi confirmation de ne pas être doué pour le cache cache. Le son tournait h24 et on a été assez productifs puisqu’on est revenus avec 8 ou 9 nouveaux morceaux, dont ” Mode de vie complexe”. L’instru a tourné pendant plus de 24 heures non stop, Massaï, emblématique membre du crew, refusait catégoriquement que je l’arrête, il a dormi auprès des machines, comme hypnotisé par la boucle.
C’était une des plus fortes expériences de ma modeste carrière, très fort souvenir. Je pense que ce morceau a du fuiter par ci par là à l’époque, voilà pourquoi vous l’avez peut être entendu. Toujours est-il qu’il fait partie des 4 ou 5 morceaux qui ont été zapés pour cet album.
Bonne écoute et à la semaine prochaine pour un nouvel inédit.
Ps : j’ai eu mon frérot Fel hier soir en visio et je lui ai fait lire ce texte. Il m’a judicieusement rappelé que non seulement il y avait un cul sec à faire lors du cache cache, mais que quand c’était José qui te trouvait, il te prennait à coup de patates avec ses gants de boxe, précision importante quand on sait qu’il s’agit d’un beau bébé cap verdien de 130 kilos. Voilà, pour être tout à fait complet, ah oui c’est Loutch qui avait fait le punch maison avec des fruits frais et tout le bordel, le truc faisait au moins 200 degrés.