Voici la maquette d’un classique.
Bien entendu, lors de cet enregistrement, on ignorait le destin qu’aurait ce morceau. À cette époque c’était un track parmi d’autres. J’ai déjà mentionné qu’on avait environ une cinquantaine de morceaux à choisir pour faire ” Si Dieu veut”, et celui-ci en faisait partie.
Le rat était stupéfiant autant dans ses textes et la façon de les poser que dans les concepts de morceaux qu’il amenait, toujours profonds dans le message, mais presque involontairement. C’était souvent son entourage qui lui faisait remarquer. D’ailleurs quand j’ai fait écouter son album ” Mode de vie : béton style” à mon père, et c’est pourtant pas trop son répertoire, il m’a dit texto ” putain mais c’est un poète ce mec”. Ça m’avait fait marrer. Mais il avait raison. Mais pour nous, de tels qualificatifs prêtaient plutôt à la moquerie. Tout comme le terme artiste d’ailleurs. Personnellement, je ne me suis jamais considéré comme un artiste. Pour moi, les seules personnes qui devraient être qualifiés d’artistes sont les créateurs purs, et ils sont très rares.
Je ne me suis jamais considéré comme un musicien non plus, ne sachant jouer d’aucun instrument et ne connaissant pas le solfège. J’avais d’ailleurs beaucoup de mal à me qualifier dans les premières années lorsque l’on me demandait. Le terme ” beatmaker” n’existait pas, et le terme ” producteur” désignait en français l’investisseur financier. Alors je disais tout simplement ” je fais la musique”. Quelques années plus tard, alors que je lui parlais de ce dilemme, un grand chanteur de variété française me dira : ” tu es musicien non instrumentaliste”. Et ça m’allais très bien.
J’avais connu le même genre de problème existentiel 🙂 quelques années auparavant quand j’avais commencé a tagger. Me voyant écrire ” pone” au marqueur sur le mur des couloirs du lycée st sérnin, un copain de classe m’a dit : ” ah mais tu tagge?”, ” je quoi? ” Lui lançais-je. On avait déchiré notre lycée et notre quartier Arnaud Bernard avec mon crew, les ABS, mais on savait même pas le nom de ce qu’on faisait.
Pour en revenir à la musique, je tiens à rendre hommage à Fresh du venin, qui posera sur l’intro de la version album et qui est à mes yeux l’un des tout meilleurs rappeur que Marseille ait produit. Un diamant brut. Malheureusement, c’est également un des plus sous estimé. Ce morceau est en partie à la base de l’établissement de Luciano comme un pilier du rap français, voici donc la base de cette base. Et bon dimanche.