Lorsque nous avons signé avec Sony, enfin techniquement c’est plutôt côté obscur notre label qui a dealé avec eux, au printemps 97 ils ont émis le souhait que nous prenions un manager. Et ils avaient raison. Les discussions deviendraient vite difficiles sans un interlocuteur unique. On savait ce qu’on voulait mais les réunions avec eux ne seraient pas productives si on ne parlait pas d’une seule et même voix.
Deux choix s’offrirent à nous. Soit on demandait à Sony de nous en trouver un, compétent mais étranger à notre équipe, soit on privilègiait la solution interne en prenant un proche mais qui forcement ne connaîtrait pas le métier.
On choisi l’option familiale et je me souviens parfaitement comment ça s’est passé. On était dans un taxi à Paris et on sortait de chez Sony. J’étais seul avec Carole, notre productrice exécutive qui bossait chez côté obscur, et on parlait de ça. D’un coup elle a dit ” et pourquoi pas Fafa ?”. Fafa c’était Farid, un ami proche qui avait l’habitude de nous suivre dans tous nos déplacements, il faisait partie du premier cercle.
Une fois rentré à Marseille on soumettait l’idée au groupe et c’était validé. Après quelques temps il s’avéra que Fafa était un manager exceptionnel, compensant son manque d’expérience par de formidables relations humaines. Tout le monde l’adorait chez Sony, il était simple, marrant et il se prenait pas pour quelqu’un d’autre. Dans ce monde parfois surfait il tutoyait même le big boss qui appréciait son naturel et sa franchise.
Faut dire qu’un minot de l’estaque ça devait le changer de certains faux-cul. Si je vous raconte tout c’est précisément pour en revenir à notre histoire avec IAM et ce qui fut notre premier clash. IAM donnait un concert au zénith de Paris et avait invité de nombreux groupes marseillais a participer à la fête. De mémoire il devait y avoir Soul Swing, 3ème Oeil, nous, etc. Et alors que nous étions encore à Marseille la veille du concert, on a appris que Fafa n’était pas prévu dans le voyage et que si il souhaitait venir, non seulement ce serait à ses frais mais il n’y avait pas de cachet prévu pour lui.
L’argument de la personne que j’avais au bout du fil ce jour là était qu’on serait tous ensemble et qu’il n’y avait pas besoin de management. Mais Fafa était à présent partie intégrante de la FF et on insistait pour qu’il ait au moins son cachet de 500 francs, comme nous. C’est alors qu’on m’a expliqué que c’était ça ou rien et que c’était irrévocable. Ce mot, irrévocable, a eu l’effet d’une bombe. ” les mecs nous disent la famille la famille et nous balancent ça, irrévocable, pour 500 balles ? Nique leurs @§###! ” voila en substance quelle fut notre réaction.
Le morceau du jour est un peu une illustration de ce qui se passera le lendemain au zénith.
À la semaine prochaine pour la suite 🙂