Les anglais à Marseille. Part. 6
J’ai pris le pec citron, un manche à balai et un brise vitres du tgv, les gros rouges tout en métal, un genre de poing américain, que j’ai donné à José. Quand j’y repense, heureusement qu’il s’en est pas servi, il aurait pu tuer.
On était reparti au combat.
Arrivé à la canebière, je me suis mis à la fabrication des cocktails avec un frangin, ça débitait. Et ça leur pleuvait dessus, c’est là que c’est parti en sauve qui peut. En plus on était un million à présent, et ça continuait à arriver. Même la bac centre était avec nous. Mais ils n’agissaient pas, ils observaient et semblaient aimer ce qu’ils voyaient. Je me suis retrouvé avec un derrière moi alors que je préparais mes potions, je le connaissais bien et quand je l’ai vu, je me suis dit que j’étais foutu, il allait me coffrer.
Mais pas du tout. Il m’a fait un clin d’oeil et son collègue, gants en cuir et tout l’attirail du civil m’a dit : ” on est là”. Les mêmes civils qui d’habitude nous couraient après, nous couvraient aujourd’hui. La c’était la débandade côté anglais. Des petits groupes fuyaient dans tous les sens, je pense que ceux qui se sont hasardés vers la rue d’aubagne ont du morfler, y avait les cap verdiens là-bas. Quant à ceux qui ont tenté leur chance par Belsunce, on les a pris en chasse.
Le secteur des recolettes était couvert par Lyés et une vingtaine de pirates, armés des gros cintres en fer qu’il y avait dans les cartons des grossistes du quartier, impossible de sortir indemne d’une confrontation avec eux. Nous on était au parking, au centre de Belsunce, sous mes fenêtres. Je ne me souviens plus exactement de qui il y avait, mais ce dont je me souviens très précisément, c’est de notre maxime national. Il avait pas 20 ans, faisait déjà son quintal et courait comme un Jamaïcain. Je lui ai crié : ” guinte le !” en parlant d’un anglais beaucoup trop vif pour nous. Il s’est lancé à sa poursuite rue tapis vert en criant : ” baaaad boooooooy”.
Arrivé à sa hauteur, il l’a plaqué contre un rideau de fer. S’en est une séance mémorable de méga gifles, bud spencer style. Ce qui a suivi n’a aucun intérêt à être raconté, c’était lynchage sur lynchage.
On a quand même fait une bonne action avec José, en tournant dans sa grosse bm Bordeaux après la bataille, vers minuit. Boulevard d’Athènes, on est tombé sur un papa et son fils d’une dizaine d’années, tous deux vêtus d’un maillot anglais et visiblement terrorisés. Il y avait de quoi, derrière eux, une dizaine de jeunes de Belsunce prêts à bondir.
Sur le coup j’ai vraiment eu l’image de la gazelle et des lionnes. On connaissait les jeunes et on les a dissuadé d’agir. Les anglais sont rentrés sains et saufs à leur hôtel. Le lendemain ya eut Angleterre Tunisie, et les affrontements mémorables du prado mais on se tenait loin de tout ça.
Il me semble que la Provence titrera un truc du genre ” les jeunes ont sauvé le centre ville”.
Voilà l’histoire des anglais à Marseille et du coup de boule telle que je l’ai vécue. peace & love.